Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Quelques heures de printemps, le 6 février 2013 en DVD ****

Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé

Syn
opsis

A 48 ans, Alain Evrard est obligé de retourner habiter chez sa mère. Cohabitation forcée qui fait ressurgir toute la violence de leur relation passée. Il découvre alors que sa mère est condamnée par la maladie. Dans ces derniers mois de vie, seront-ils enfin capables de faire un pas l'un vers l'autre ?

L'Avis de Thibault

Révélé au grand public grâce au succès de son deuxième long-métrage Je ne suis pas là pour être aimé en 2005, Stéphane Brizé continue son exploration de la solitude dans un film âpre et juste.

Ça commence par une libération. Celle d'Alain, quarante-huit ans, qui sort de prison. Désormais rejeté de la société, il doit notamment cohabiter avec sa mère froide et curieusement distante. La vie d'Yvette, frêle veuve maniaque, est réglée comme du papier à musique : elle mange devant le JT, fait un puzzle et des compotes de pommes, prend ses médicaments. Sauf que la mélodie domestique n'a plus rien d'agréable car Yvette est malade, atteinte d'un cancer incurable qu'elle a choisi de combattre dignement en optant pour le suicide assisté, en Suisse.

Le suicide assisté n'est clairement pas le centre de l'intrigue. Le thème est abordée avec douceur et sans faire acte de prosélytisme. La mort choisie sert d'événement dramaturgique en filigrane, solution ultime pour confronter ce couple malade à une situation que le quotidien ne peut plus instaurer, celle d'un échange, d'une étreinte qui saura crever l'abcès du désamour. Tout l'enjeu résidera alors dans la réconciliation entre Alain et sa mère avant qu'il ne soit trop tard.

A l'instar de Mademoiselle Chambon et de Je ne suis pas là pour être aimé, Quelques heures de printemps explore des thèmes qui sont chers au réalisateur Stéphane Brizé : l'importance des relations entre un homme et une femme, la difficulté de parler de ses sentiments et de s'ouvrir aux autres ou le besoin de changement dans la vie des personnages.

Le fils et sa mère n'arrivent pas à se parler, à communiquer. Les regards s'effleurent à peine, les corps s'éloignent. Un élément intermédiaire, que ce soit la télévision, des photos ou le chien, est toujours présent pour empêcher la confrontation. Les seuls contacts entre eux se font par violentes engueulades suivies d'un souverain dédain. Et quand les cris et les insultes fusent, c'est pour mieux refouler des sentiments bien plus durs à prononcer à voix haute. Aveuglés par la solitude et la détresse, leurs tentatives de réconciliation restent extrêmement maladroites.

Sur le chemin de la Suisse, les regards se retrouvent, les tensions retombent et la lumière du soleil réchauffe ces deux êtres. La musique de Nick Cave est superbe. Le temps de ces quelques heures de printemps, l'amour originel et la tendresse instinctive reprennent place. La mort, au lieu d'être l'issue tragique, devient le symbole de l'apaisement et des retrouvailles.

Après Mademoiselle Chambon en 2009, Stéphane Brizé retrouve Vincent Lindon qui témoigne magnifiquement du profond malaise obligé par son rôle. Il excelle, tout simplement émouvant et bluffant de vérité. Hélène Vincent, grande actrice sous employée, est digne et émouvante. Devant la caméra, elle est exceptionnelle et mériterait bien un César de la meilleure actrice pour sa prestation. L'affrontement tient ses promesses : deux grands acteurs dans des rôles complexes de personnages frustes et rugueux. Olivier Perrier est parfait dans le rôle de voisin auquel il fait bon se confier, ou se laisser aller. Emmanuelle Seigner apporte brièvement un rayon de soleil et une joie de vivre qu'il est bon de prendre à la volée quand cela se présente.

Le long-métrage s'achève dans une quiétude qui parvient à réconcilier la mort et la vie en un seul plan, laissant ainsi le spectateur avec un sentiment d'accomplissement salvateur. Un film intimiste qui parle au cœur et dont on ressort grandi, la larme à l'œil.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Française

Réalisation : Stéphane Brizé

Interprètes : Vincent Lindon, Hélène Vincent, Emmanuelle Seigner, Olivier Perrier, Silvia Kahn, Ludovic Berthillot, Sylvie Jobert, Jean-Luc Borgeat et Véronique Montel

Durée : 108 minutes

Année de production : 2012

Attachée de presse : Marie-Christine Damiens

Date de sortie : 19 septembre 2012

Vous devriez aussi aimer : Toutes nos envies, Le Temps qui reste ...

Tag(s) : #Films en DVD en 2013
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :