Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Vous n'avez encore rien vu, le 29 janvier 2013 en DVD ****

Vous n'avez encore rien vu de Alain Resnais

Syn
opsis

Antoine d'Anthac, célèbre auteur dramatique, convoque par-delà sa mort, tous les amis qui ont interprété sa pièce "Eurydice". Ces comédiens ont pour mission de visionner une captation de cette œuvre par une jeune troupe, la compagnie de la Colombe. L'amour, la vie, la mort, l'amour après la mort ont-ils encore leur place sur une scène de théâtre ? C'est à eux d'en décider. Ils ne sont pas au bout de leurs surprises...

L'Avis de Thibault

Alain Resnais nous annonce tout dans le titre : on va assister à une expérience cinématographique unique. Cela dit pas besoin de nous prévenir, avec le cinéaste on commence à connaître la chanson. Vous n'avez encore rien vu, sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes en 2012, est l'adaptation de deux pièces de théâtre de Jean Anouilh. Le scénariste Laurent Herbiet a proposé de composer un scénario à partir d'Eurydice et d'une autre pièce qui n'est autre que Cher Antoine ou l'amour raté. Le film pourrait davantage s'apparenter à un hommage.

Un metteur en scène est mort. Il invite par message posthume tous les acteurs qui ont joué pour lui Eurydice afin qu'ils autorisent ou non une jeune troupe de théâtre à rejouer Eurydice dans une version moderne. Un à un, les comédiens entrent en scène dans cette villa d'inspiration italienne, où l'ombre laisse place à la lumière et vice-versa. Après visualisation d'une captation de la pièce, ils donneront leur avis. D'abord spectateurs, ils deviennent à leur tour acteurs interagissant avec leurs cadets. Poussés par leur énergie commune et la beauté d'un texte qu'ils connaissent par cœur ou presque, ils avancent tels des spectres dans cette vaste salle au décor antique.

A nouveau, c'est l'amour qui est au cœur du film, une thématique forte que la sélection cannoise file cette année (Amour, De rouille et d'os, Moonrise Kingdom). Tout commence par le générique annonçant le décès Antoine d'Anthac durant lequel Marcelin, son fidèle serviteur s'entretient avec chacun des acteurs en les appelant par leur véritable nom : "Allo, Pierre Arditi ?, "Allo, Michel Piccoli ?", "Allo, Anne Consigny ?", "Allo, Michel Robin ?", et ainsi de suite. Après son entrée des artistes ludique par la rengaine qu'elle instaure,il va s'amuser à mélanger le baroque et le noir.

Après Jean Cocteau, Alain Resnais revisite le mythe d'Orphée et Eurydice, ces amants qui s'aiment à perdre la raison, à s'en brûler les yeux. Il met en scène les mots de Jean Anouilh et crée un langage qui serait la parfaite rencontre entre le théâtre et le cinéma. La mise en scène étonnante car il sait surprendre. Rarement la passion amoureuse a été aussi génialement traitée. Laissant entrer l'émotion dans cette valse des mots où amour et mort se conjuguent comme jamais, les voix de ses comédiens fétiches viennent se superposer avec celles, projetées de la jeune troupe de théâtre.

Ce sont ses propres adieux qu'il met en scène. Et par ses adieux, il faut comprendre sa mort à travers un alter-ego. Cet artisan de la lumière qui avance peu à peu vers la pénombre. Cela donne lieu à une scène troublante de Sabine Azema pleurant à la sortie d'un cimetière, instant surréaliste qui vient rompre la trame temporelle en prenant la forme d'une fenêtre ouverte sur un avenir un peu plus proche. Le résultat est vertigineux, souvent troublant, parfois angoissant. Un vertige qui se clôt par la voix hypnotique de Franck Sinatra et ses quelques paroles qui prolongent cette émotion «When I Was 17, It was a very good year...». En cela le film est un testament, mais il ne s'agit pourtant là de rien qui ne ressemblerait à un « dernier film ».

La sublime musique de Mark Snow donne un coté dramatique à certaine scène jusqu'à vous en donnez la chair de poule.

Vous n'avez encore rien vu signe la neuvième collaboration entre le cinéaste Alain Resnais et l'actrice Sabine Azéma, qui travaillent ensemble depuis leur rencontre en 1983 ! L'actrice est de plus en plus hystérique et insupportable au gré du film. On redécouvert le talent de Mathieu Amalric, excellent dans son rôle de Monsieur Henri, personnage intriguant. Et Anne Consigny est toujours aussi émouvante comme lorsqu'elle dialogue avec son fils Vladimir Consigny qui incarne Mathias, son amant dans la captation. Outre les onze acteurs avec qui il avait déjà collaboré, Alain Resnais a fait appel à des comédiens avec lesquels il n'avait pas eu l'occasion de tourner auparavant, tels que Denis Podalydès, Andrzej Seweryn, Hippolyte Girardot et Michel Robin. Pour la captation, le réalisateur Bruno Podalydès a choisi des jeunes comédiens novices, parmi lesquels on trouve des stagiaires de la Comédie Française et des jeunes du Conservatoire. Il a aussi fait appel à Vimala Pons, qui incarnait Berthe dans Adieu Berthe et Vladimir Consigny, à l'affiche des Herbes folles.

Vous n'avez encore rien vu ou l'art de jouer de la mort comme on joue de la vie, avec malice et non sans discernement. 90 ans et l'auteur séduit toujours.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Française

Réalisation : Alain Resnais

Interprètes : Mathieu Amalric, Pierre Arditi, Sabine Azéma, Jean-Noël Brouté, Anne Consigny, Anny Duperey, Hippolyte Girardot, Gérard Lartigau, Michel Piccoli, Denis Podalydès, Michel Robin, Andrzej Seweryn, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Michel Vuillermoz, Lambert Wilson, Vimala Pons, Sylvain Dieuaide, Fulvia Collongues, Vincent Chatraix, Jean-Christophe Folly, Vladimir Consigny, Laurent Menoret, Lyn Thibault et Gabriel Dufay

Durée : 115 minutes

Année de production : 2011

Attachés de presse : Laurent Renard et Leslie Ricci

Date de sortie : 26 septembre 2012

Vous devriez aussi aimer : Smoking/No Smoking, Mélo ...

Tag(s) : #Films en DVD en 2013
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :